L'heure du jugement dernier
Le moment que tu redoutais depuis des mois est arrivé : les parents de ton bien-aimé veulent te rencontrer. Après avoir envisagé de te défenestrer puis de fuir au Yémen, tu as décidé d'affronter la crise, même si quelques angoisses subsistent. « Et s'ils ne m'aimaient pas ? Et si je faisais une grosse boulette ? Et s'ils étaient tous aussi cinglés que leur gamin ? », songes-tu alors. Surtout, ne te renseigne pas sur Doctissimo (tu vas tomber sur l'anecdote de cette nana qui s'est faite lynchée à coup de brochette de dinde par sa belle-mère, l'angoisse). Pour réussir ce rite initiatique pendant lequel on décidera si oui ou non, on te tolère dans le clan, il existe des petits trucs à savoir ou à éviter. Démonstration.
On ne vient pas les mains vides
En tant que convive, la politesse exige qu'on amène un petit présent à ses hôtes. La subtilité consiste à trouver un juste milieu pour faire plaisir sans en faire trop. Fleurs, chocolats, dessert, le choix est plutôt vaste. A proscrire tout de même, les délires de traditions ancestrales qui t'imposent de sacrifier un alpaga ou d'offrir une caravane de chameaux fertiles à ta belle-mère. Intègre toi, merde.
On parle de soi, mais pas trop
Ton conjoint trempe des morceaux de pain dans sa compote et met ses saloperies de jeans à la machine sans vider les poches mais pourtant, tu le supportes depuis de nombreux mois déjà. Aux yeux de ta belle famille, tu es une énigme ; normal donc qu'ils veuillent en savoir plus sur toi, ton parcours et ta famille. « Je suis l'agneau de l'Apocalypse», « Je vends du crack à des enfants handicapés » et «J'essaie de relancer le IIIe Reich mais pour l'instant, c'est plutôt calme» sont des réponses à éviter, au moins pour la première rencontre.
On reste discret
Si ton cher et tendre a pleuré la première fois que t'as lâché un rot de magnitude 8 sur l'échelle de Richter, il y a de fortes chances que ses parents n'apprécient pas trop non plus. On évitera aussi de se mettre une race au rosé et de se lancer dans une chenille endiablée au milieu du salon, surtout si ya pas de musique et que t'es tout seul. Par ailleurs, l'expression « Faites comme chez vous » n'est pas à prendre au pied de la lettre. Non, on ne met pas les pieds sur la table basse et pour l'amour du ciel, on garde son pantalon.
On évite les sujets sensibles
Certains sujets, comme la politique, la religion ou le championnat de France de badminton font partie intégrante de ces thèmes épineux qui prêtent forcément à polémique. D'autres thèmes sont également déconseillés, parce qu'ils risquent de mettre votre hôte mal à l'aise ou tout simplement parce que c'est dégueulasse. On citera parmi tant d'autres:
« Ah mais c'est immonde, c'est quoi? Y en a qui mangent ça ? »
« Je suis pas raciste, mais faut être franc, on n'est plus chez nous »
et
« Je reviens, je vais défoncer les chiottes »
On soigne un minimum son apparence
La première impression est souvent tenace. Pour éviter de se coller une étiquette dès la première rencontre, on laisse au placard le décolleté jusqu'au nombril, la barbe de trois semaines et les éventuels tatouages "In tartiflette we trust", tes convictions ne sont peut être pas les leurs. Si ta belle famille est naturiste, tu peux cependant oser l'immersion et le déjeuner à poil, mais faut être sûr de son coup, sinon ça peut très vite devenir gênant.
Allez, bon ap' et passe le bonjour à belle maman.